Qu'est ce que la laxophobie ?
La laxophobie se caractérise par la peur d’être pris d’une diarrhée et de ne pas pouvoir se retenir le temps de trouver des toilettes, principalement à l’extérieur de chez soi. Cela entraîne un type de comportement agoraphobe. La personne craint de se sentir prise au piège et de se trouver dans des lieux où s’enfuir semble compliqué (et par s’enfuir, on entend dans ce contexte le fait de pouvoir trouver des toilettes). L’expérience redoutée est l’incontinence intestinale.
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Dans la majeure partie des cas, il y a un événement sensibilisant
Pour certains, c’était à l’école primaire lorsqu’ils ont vu un de leurs camarades avoir un épisode d’incontinence en classe.
Pour d’autres personnes cela peut-être d’avoir une envie urgente d’aller aux toilettes et de ne pas pouvoir descendre d’un bus, ou bien d’être coincé à côté d’un étranger lors d’un vol en avion et ne pas pouvoir sortir de son siège, ou encore de se retrouver dans une longue file d’attente pour aller aux toilettes lors d’un festival. L’intoxication alimentaire en vacances peut aussi être un autre point de départ courant de la laxophobie.
Cela peut commencer à tout âge et beaucoup de personnes n’ont en réalité jamais eu “d’accident”. Mais l’expérience d’avoir eu à se retenir pendant une période prolongée peut suffire à déclencher la peur.
Il faut noter que l’anxiété et ses conséquences ne surviennent pas forcément tout de suite après l’événement sensibilisant mais parfois plusieurs mois ou années plus tard..
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Une vie restreinte par les évitements
La personne souffrant de laxophobie commence à redouter certaines situations plus ou moins spécifiques : être coincé dans la circulation, les transports en commun, faire ses courses dans un supermarché, les files d’attentes, les réunions, les repas au restaurant… Souvent les situations où la personne se trouve seule sont plus faciles à vivre car il est plus aisé de fuir et le regard (et potentiel jugement) de l’autre n’est pas en jeu. La dimension sociale a une place importante dans la laxophobie.
Rapidement, la présence de toilettes ne devient plus assez rassurante car d’autres inquiétudes viennent à l’esprit : “Comment faire s’il n’y a qu’un seul WC et que je dois attendre car il y a la queue?”, “Que vont-penser les gens qui vont aller aux toilettes après moi?”…
Petit à petit, des comportements d’évitements se mettent en place mais ils ne font qu’aggraver la peur. Car en évitant, le cerveau enregistre l’équation éviter = sécurité. Il arrive aussi que la personne commence à ressentir des attaques de panique lors d’événements sociaux par exemple, ce qui la forcera à rentrer chez elle, où elle se sent en sécurité.
Avant de sortir, des comportements de prévention sont mis en place comme :
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aller aux toilettes plusieurs fois
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prendre de l’Imodium en prévention et/ou en avoir toujours avec soi
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ne pas manger et/ou s’hydrater
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ne pas porter de vêtements de couleur claire
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avoir une tenue de rechange avec soi
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L’épuisement mental
La laxophobie entraîne très fréquemment anticipation et hypervigilance. C’est épuisant pour la personne qui en souffre et dont l’esprit est rarement libre.
La vie sociale et les activités se restreignent souvent beaucoup. Et même lorsque la personne est présente physiquement, son esprit est souvent absent et préoccupé. Il devient difficile d’apprécier le moment présent dans cette tension quasi permanente.
Chez certaines personnes, des troubles dépressifs et des troubles du comportement alimentaire peuvent apparaître. C’est pour cela qu’il est important de se faire accompagner rapidement afin de ne pas développer de troubles plus sévères.
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L’hypersensibilité viscérale
Il existe différents types de personnes souffrant de laxophobie :
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Des personnes qui ne souffrent d’aucun trouble digestif. Leur phobie est fondée sur l’anxiété.
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Des personnes qui souffrent de troubles digestifs mineurs mais dont la phobie est majoritairement fondée sur l’anxiété.
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Des personnes qui souffrent de colopathie fonctionnelle, du SIBO, de la maladie de Crohn ou encore de rectocolite hémorragique et qui ont régulièrement des troubles digestifs, même en étant chez eux. Leurs troubles médicaux génèrent alors une anxiété et une phobie secondaires.
L’hypersensibilité viscérale semble cependant être commune au plus grand nombre. Cela se traduit par le fait de ressentir la moindre sensation intestinale de manière amplifiée, ce qui augmente le stress et concentre l’attention de la personne sur ses sensations. Il est probable que cela résulte de modifications du fonctionnement du système nerveux, au niveau des intestins et du cerveau. Les voies nerveuses du tractus gastro-intestinal sont sensibilisées à la stimulation, entraînant une réactivité excessive et une amplification de la douleur.
Le fonctionnement du système intestinal est régulé par “l’axe intestin -cerveau”. Dans la laxophobie, le dysfonctionnement de cet axe va souvent interférer avec le péristaltisme (l’action des muscles intestinaux poussant la matière fécale). Le stress que la personne ressent lorsqu’elle est exposée à une situation qu’elle appréhende et que son inconscient perçoit comme dangereuse, stimule le péristaltisme.
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Les personnes souffrant de laxophobie ont donc conscience que l’expérience qu’elles redoutent n’est pas qu’une virtualité. C’est ce qui rend le trouble d’autant plus complexe. Une approche globale est nécessaire, avec un focus particulier sur la peur de perdre le contrôle et la peur de la critique et du jugement qui sous-tendent et alimentent la phobie.